Il y a une dizaine d’années, la province Sud a lancé une initiative originale autour de la bio-fabrique de Saint-Louis. L’affaire a pris de l’ampleur et l’on promeut désormais la PBI, la Protection Biologique Intégrée. Une autre démarche, une autre façon de concevoir les choses…
A l’origine, il y a la volonté de la province Sud d’inscrire son action dans le cadre de la réduction de l’usage systématique des produits phytosanitaires, notamment en matière de lutte contre les insectes ravageurs des cultures. La province a opté pour la technique de production des insectes auxiliaires. Une bio-fabrique a donc vu le jour à Saint-Louis, et a été dupliquée à Port-Laguerre. « À l’heure actuelle, explique Nathalie Tostin, Responsable du département des études à la direction du développement durable des territoires de la province Sud, ce second site est en train de monter en puissance pour répondre aux attentes des producteurs. Il y a donc aujourd’hui deux bio-fabriques qui fonctionnent, des travaux d’agrandissement sur Port-Laguerre seront finis d’ici la fin de l’année. » La création par la province Sud de cette bio-fabrique est venue d’un double constat, « tout d’abord, explique Laurent Vignon, Chef du service études et développement local de la province Sud, il y a eu une prise de conscience autour des produits phytosanitaires et de leur dangerosité. Mais il y a aussi le fait que la nature, y compris les nuisibles, se défend, et devient donc résistante aux produits phytosanitaires, on a l’exemple avec les tiques du bétail. »
C’est quoi une bio-fabrique ?
« La bio-fabrique, explique Laurent Vignon, est une zone d’élevage, une pépinière d’insectes utiles. L’idée est de disposer d’animaux, comme les coccinelles qui mangent les pucerons, les punaises qui mangent les acariens ou les cochenilles, jusqu’à des micro-guêpes qui pondent leurs œufs dans les larves des aleurodes. Ils sont élevés à la bio-fabrique et distribués aux agriculteurs. » La bio-fabrique a produit en moyenne 3 500 coccinelles et 2 000 punaises par semaine, et 100 000 cartonettes d’œufs de micro-guêpes par an avec l’objectif sur cet insecte de multiplier la production par deux d’ici 2021. « Nous mettons l’ensemble de notre production à disposition des producteurs, explique Nathalie Tostin, et pour cela, nous sommes aidés par le réseau Repair* qui collecte les besoins des producteurs et passe commande auprès de nous. Cette commande est actuellement gratuite. » Un dispositif temporaire, « comme nous étions en phase de démarrage, ajoute Laurent Vignon, l’exécutif de la province a jugé que l’on pouvait rendre ce service gratuitement, mais cette disposition est transitoire. Par le biais de Repair, notre production d’insectes est distribuée en priorité à ceux qui sont dans une démarche de certification d’agriculture responsable » Organisme provincial, les bio-fabriques travaillent donc en partenariat avec Repair, mais aussi « en partenariat avec l’ADECAL, organisme de recherche et de développement. Nous réalisons ensemble des essais sur Port-Laguerre de manière notamment à arrêter des protocoles de lâchers d’insectes ».
La PBI : des avantages certains
« L’objectif recherché, c’est une diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il s’est avéré que des producteurs ont dû faire face à la difficulté consistant à ce que les produits phytosanitaires ne soient plus efficaces contre les nuisibles. C’est cela qui a permis de lancer la PBI, Production Biologique Intégrée », ajoute le département des études à la direction du développement durable des territoires de la province Sud. La PBI, dont on voit les effets dans la production et l’utilisation d’insectes auxiliaires, est un ensemble de pratiques. « La PBI, souligne Nathalie Tostin, ce n’est pas que des insectes. Il faut aussi tout ce qu’il y a autour, c’est-à-dire un environnement comme des plantes refuges qui permet la bonne installation des auxiliaires. » Et bien évidemment, la PBI doit arriver à créer un équilibre naturel qui permet de garder une production économique viable. Aujourd’hui, on en est au stade de la promotion de la PBI : en faire comprendre les avantages aux professionnels, serristes ou non. Il y a quelque temps, l’un de ces producteurs sous serres a eu un problème de nuisibles que les bio-fabriques ont pu résoudre grâce à leurs auxiliaires. Le succès de cette opération a eu un certain retentissement, chez les professionnels.
Les objectifs de la PBI
La PBI vise à préserver l’environnement en réduisant la consommation de pesticides. Cela permet une réduction des risques sanitaires pour les agriculteurs et des résidus chimiques dans les fruits et légumes.