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Bio Calédonia accompagne l’élevage bovin bio

Toutes filières animales
Bovine
Qualité
Responsable
Nouvelle-Calédonie
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Jusqu’à présent, l’association, qui existe depuis dix ans, avait développé la production végétale bio et y a fait ses preuves. Elle franchit une étape importante dans l’extension de l’agriculture biologique, en accompagnant la labélisation au sein de l’élevage bovin. En concertation avec la filière, Bio Calédonia vient de rédiger un « Guide de lecture de la norme Océanienne d’Agriculture biologique -NOAB- filière bovine ». Le point avec Pierre Migot, Directeur de Bio Calédonia.

Pourquoi Bio Caledonia s’intéresse-t-elle à l’élevage bovin ? 

Pierre Migot : Tout d’abord parce qu’en Nouvelle-Calédonie, les pratiques en matière d’élevage bovin sont extensives. Une étude récente, conduite avec la Province Sud, a permis de souligner le faible impact carbone des différentes exploitations agricoles en élevage bovin. Sur l’ensemble des élevages enquêtés, on voit que les pratiques sont relativement saines, pour nous il devenait donc évident d’engager des conversions en bio, le terrain nous semblait fertile. De plus, la filière est demandeuse, puisqu’en 2018 nous sommes entrés en contact avec l’OCEF en vue d’une labélisation de l’abattoir, ce qui a été fait l’année suivante. D’une certaine manière, la filière nous attendait un peu. En février dernier, nous avons fait des réunions de concertation pour la mise en place de notre Guide de lecture, et nous avons eu une très bonne réception de la part de l’ensemble de la filière.

Et puis pour nous, tout ce qui touche à l’élevage bovin a trait à l’identité calédonienne, ce qui nous permet d’être considérés à notre juste niveau, c’est-à-dire comme un des acteurs du monde agricole. Ni en marge, ni en plus, ni en comparaison, mais en tant que membre de la grande famille agricole. Nous pouvons valoriser nos producteurs pour leurs pratiques, l’idée n’étant pas de convertir toutes les exploitations ni de critiquer celles qui ne sont pas bio, chacun est libre d’entrer ou non dans la démarche. Cela fait longtemps que nous avons cette problématique à cœur, nous avons pris le temps d’y entrer et c’est relativement positif jusqu’à présent.

Qu’est-ce qu’apporte un élevage bovin bio par rapport à un élevage traditionnel  / conventionnel ? En quoi les pratiques d’élevage changent-elles ?

P.M. : Nous allons valoriser les pratiques. Nous avons à cœur de faire d’abord de la pédagogie autour de cette labélisation, et en particulier de permettre aux bouchers de la valoriser auprès des consommateurs. Le principal, c’est qu’il n’y a pas de chimie possible dans un élevage bio. Par ailleurs, nous sommes sur la lutte naturelle contre la tique, en particulier par un gros travail sur la génétique et sur la gestion de pâturages. Enfin, pas d’hormones*, mais un cheptel conduit naturellement. Ce sont là les trois exemples qui différencient un élevage bovin bio d’un élevage classique. D’autres répondent déjà plus ou moins des pratiques : bien-être animal, alimentation à l’herbe, faiblement complémentée, suivi des troupeaux…

*Hormones pour la réalisation des inséminations artificielles et/ou transferts d’embryons.

Trois élevages bovins sur 500 sont actuellement certifiés Bio Pasifika. C’est un tout petit début, mais sentez-vous une demande de la part des éleveurs ?

P.M. : Les trois éleveurs labélisés sont des éleveurs « historiques » au sein de Bio Calédonia. Ces précurseurs nous ont permis d’ouvrir un chapitre de la norme sur l’élevage bovin. Nous avons travaillé avec eux sur la mise en place du label dans leurs exploitations. On a bien senti que la filière avait envie d’entrer dans la démarche bio, mais le cahier des charges tel qu’il existait ne leur permettait pas de se projeter concrètement dans ce que pouvait être un élevage bio. D’où la mise en place d’un Guide de lecture que nous avons rédigé avec la filière pour être sûrs que ce guide soit une réponse aux attentes des éleveurs calédoniens, et qu’un nombre conséquent d’entre eux puisse se l’approprier.

Et plusieurs éleveurs se sont déjà fait connaître pour s’engager dans la démarche. Cela étant on « freine » un peu cette dynamique, car en aval notamment au niveau de la commercialisation, on a encore à travailler avec les bouchers pour s’assurer de la totale traçabilité de la production jusqu’au consommateur. Nous avons déjà identifié les grandes thématiques, mais on ne sait pas encore si cela sera faisable sans un investissement. On va donc commencer avec quelques éleveurs avant d’ouvrir la démarche de manière plus massive en 2021.

Alors justement, qu’en pensent les bouchers ?


P.M. : Sur le peu de retours que nous avons, on sent une attente aussi de la part de nos bouchers qui se disent prêts à valoriser la viande bio. Prochainement, nous allons commencer à parler des prix et nous verrons alors s’il y a ou non des points d’achoppement.

Vous avez réalisé un Guide de lecture filière bovine, qu’est-ce qu’on y trouve ? À qui s’adresse-t-il ?


P.M. : Clairement, il s’adresse aux éleveurs qui veulent se convertir au bio. Ils y trouvent des éléments techniques « pratico-pratiques » leur permettant de mieux saisir ce que décrit la norme. Nous avons travaillé également avec l’ensemble des techniciens de la filière, pour qu’ils s’approprient ce guide eux aussi, et soient en capacité d’en discuter avec les éleveurs de manière autonome. C’est donc l’ensemble de la filière qui dispose de ce guide.

De manière générale, la qualité de l’élevage bovin en Nouvelle-Calédonie est reconnue, qu’apporterait de plus la qualification bio ? 

P.M.  : En discutant avec les éleveurs, on s’aperçoit qu’il y a un problème de rentabilité des élevages, ce qui est un vrai souci. Le prix de la viande étant ce qu’il est, peut-être n’est-il pas suffisant pour asseoir un équilibre économique possible pour les éleveurs, à moins d’avoir un foncier et un cheptel conséquents. Du coup, en valorisant les pratiques, cela peut générer un prix plus intéressant du fait du travail et des investissements à réaliser, c’est en tout cas ce que l’on cherche au travers de la démarche bio. Parce que comme pour tout le bio, il y aura un impact sur le prix, sans être trop contraignant pour le consommateur, d’où l’ouverture de discussions avec les bouchers qui cernent parfaitement la demande.

Pensez-vous qu’il y a un marché porteur pour la viande bovine bio ? 

P.M. : Les consommateurs auront dans leur assiette une viande de qualité, exempte de produits chimiques. Et c’est le label bio qui pourra le faire reconnaître et le mettre en avant. Ça sera une garantie pour le consommateur de disposer d’une viande produite de manière naturelle ayant un impact le plus faible possible sur l’environnement . Pour l’heure nous n’avons pas d’études de marché, ce qui explique que la filière souhaite que nous démarrions doucement pour voir comment la demande va s’adapter à l’offre, et pour trouver l’équilibre permettant à la filière bio d’exister et de se développer. Cela étant, notamment sur le Grand Nouméa, on sent bien qu’il y a une demande. Nous sommes également approchés par la restauration collective qui est intéressée. Cela crée donc des perspectives.

Guide pdf de la filière Bovine à consulter ou télécharger