Quelques mot du Président de la Chambre d’agriculture et de la pêche, Gérard Pasco:
"Depuis de nombreux mois, les intempéries se succèdent et nos terres pleurent. Les hommes et les femmes qui font face à cette situation peinent à retenir des larmes de désespoir quand ils constatent, pour la énième fois, que leurs efforts pour nettoyer, planter à nouveau, remettre en ordre s’avèrent vains, peuvent être réduits à néant en une nuit de stress.
Pendant ce temps-là, d’aucuns, plutôt mal informés que mal intentionnés, tirent à boulets rouges sur l’agriculture locale, coupable à leurs yeux : prix trop élevés, comportements égoïstes, enfants gâtés, pollueurs, etc. La réalité est pourtant bien différente sur le terrain. Et pour quiconque, citadin ou broussard, sait à quoi ressemble le quotidien d’un agriculteur, il est difficile de prêter l’oreille à ce torrent d’incompréhension. Si le monde agricole n’est pas dépourvu de torts et doit accepter sa part de reproches, il ne peut en effet subir, ni encaisser cette violence sociale sans conséquence psychologique.
En ces temps incertains, où trop nombreux sont ceux qui ont perdu leur emploi ou ont vu réduite à néant leur activité, il ne s’agit pas de mesurer ou de hiérarchiser la souffrance. Mais combien de métiers, combien de professions sont ainsi placés dans une posture d’incertitude permanente, celle de voir les efforts d’une vie s’enfuir ainsi, physiquement, au gré de flots tumultueux ?
Quelle abnégation, quel courage, quelle résilience il faut pour tenir tête, pour se relever ; quel amour de son métier, surtout, pour éviter de rompre, pour refuser de courber l’échine. Qui le dit cela ? Qui s’en soucie ?
Ces hommes et ces femmes sont fiers de leurs métiers, fiers d’être des acteurs d’un monde qu’ils contribuent à nourrir. S’ils ont un tort, c’est celui-ci : y croire encore, y croire toujours malgré les fardeaux dont la nature vient, trop souvent, les encombrer à coups d’intempéries, de maladies, de ravageurs...
Qu’on ne s’y trompe pas, toute souffrance a son point de rupture. Et que nous soyons consommateur, acteur institutionnel ou politique, nous ne pouvons pas détourner le regard.
Nous avons une responsabilité collective et, en cas de drame, rien ne nous en dédouanera. Il ne s’agit pas ici de réclamer de l’argent, même si celui-ci manque cruellement dans des dizaines d’exploitations, à la veille d’un effondrement économique annoncé. Il s’agit avant tout de prêter attention, d’accompagner, de renouer, tout simplement, avec le nécessaire respect dû à ceux et à celles qui luttent au quotidien, les pieds
dans la boue mais toujours droits dans leurs bottes."
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