Comme toutes les autres Upra, l’Upra bovine travaille à l’amélioration du cheptel bovin, notamment sur la génétique des races. Elle s’est lancée dans un projet ambitieux, le programme AGATIS qui, en la matière, constitue une véritable révolution.
AGATIS est un programme de travail basé sur l’analyse du code génétique de l’animal (l’ADN). Cette méthode a été développée il y a une dizaine d’années en métropole. L’Upra bovine s’en est emparé pour améliorer les races charolaises et limousines en Nouvelle-Calédonie. Ces deux races sont historiquement présentes en Nouvelle-Calédonie et sont réputées pour leur qualité bouchère et leur fertilité. Toutefois le cheptel de ces deux races est en diminution en raison de leur vulnérabilité face à la tique et leur acclimatation parfois difficile aux conditions climatiques tropicales. La génomique est l’une des solutions.
Définir les performances le plus tôt possible
« L’idée, explique Adeline Lescane, directrice de l’Upra bovine, est que dès la naissance de l’animal, grâce à une analyse ADN, on puisse prédire ses performances potentielles. C’est une véritable révolution. Concernant le projet AGATIS, la nouveauté est que l’on va s’intéresser à des races européennes en conditions tropicales. Leurs gènes vont être identifiés sur deux critères : la longueur du poil et leur résistance aux tiques. » En effet pour ces races d’origine européenne, la longueur du poil détermine leur capacité à résister à la chaleur, plus le poil est court mieux ils la supportent. « L’intérêt de ce programme est d’accélérer le schéma de sélection, explique Adeline Lescane. Pour l’heure il faut huit ans pour évaluer les performances d’un animal, avec ces tests ce serait fait dès sa naissance. Ça va permettre aux éleveurs de disposer d’animaux mieux adaptés à leur milieu, de conserver en Nouvelle-Calédonie les races charolaises et limousines aux qualités bouchères et de fertilité reconnues ».
Ce programme a débuté en fin d’année 2019, il est pour l’heure en phase de recherche. « Il faut au minimum 400 animaux d’une même race pour identifier un gène, souligne Adeline Lescane, jusqu’à présent nous avons prélevé et suivi pendant un an, 200 limousins et 100 charolais. Nous espérons lancer les analyses à la fin de cette année, pour avoir les résultats en 2021 et créer un test rapidement. Pour cela, nous avons encore besoin d’éleveurs volontaires ». Les techniciens de l’Upra bovine ont déjà réalisé un grand nombre de prélèvements de poils et l’Institut agronomique néo-Calédonien (IAC), partenaire du projet, a effectué des comptages de tiques. Les ADN ont été prélevés et vont être analysés pour décoder le génome.
Faire breveter un test
AGATIS est non seulement une révolution en termes de génétique animale, mais le programme offre d’énormes perspectives pour l’Upra bovine. « Il faut savoir, explique Adeline Lescane, que nous sommes les seuls au monde à travailler via la génomique sur ces deux critères pour des races européennes en conditions tropicales. Nous voulons donc conserver un droit sur toutes ces données, faire breveter le test génomique, s’il est développé, et que l’on ait d’une certaine manière un retour sur investissement ».
Et les éleveurs calédoniens en seront les premiers bénéficiaires. Dans ce programme, l’Upra bovine travaille en partenariat avec l’IAC et l’Upra Calédonie sélection (UCS), mais également avec l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique et environnementale) et France limousin sélection (FLS). Par le biais de deux appels à projets pour lesquels le projet a été Lauréat, AGATIS bénéficie du soutien financier de l’Agence rurale et l’Adecal apporte son concours sur la partie sécurisation des données, sur la question du brevet et de sa possible commercialisation.