Alain Hocquet, directeur qualité & certification de FCBA, l’Institut technologique national forêt cellulose bois-construction ameublement, a effectué une mission de quelques jours en Nouvelle-Calédonie afin de lancer le processus d’une certification des bois calédoniens.
La sylviculture a connu ces dernières années un développement important, visant à créer une véritable filière. C’est au sortir du passage du cyclone Erica, en 2003, laissant derrière lui des stocks importants de bois qu’il a fallu traiter, que les pouvoirs publics ont décidé d’organiser une filière créatrice de richesse et d’emploi. C’est un long travail qui a été mené et dont on récolte aujourd’hui les premiers fruits, au travers notamment de la certification.
« Cela fait un an que l’on travaille ensemble, explique Alain Hocquet, sur une démarche d’accompagnement et de formation des entreprises et à la mise en place d’un dispositif de certifications des produits en pins de Nouvelle-Calédonie, en particulier le Pinus caribaea (pin des Caraïbes). »
Une certification reconnue sur le plan international
La filière s’est organisée tout d’abord autour du groupement des exploitants forestiers. On estime entre 5 000 et 6 000 le nombre d’hectares consacrés à ce pinus. Le groupement a donc souhaité valoriser ces exploitations. « Jusqu’à aujourd’hui, explique Ricardo Pinilla-Rodriguez, président du Groupement professionnel des exploitants forestiers, on ne pouvait pas commercialiser du bois local pour des chantiers publics. Les chantiers des bailleurs sociaux ne pouvaient pas intégrer le pinus des Caraïbes, parce qu’il n’était pas reconnu comme produit de construction. Depuis l’année dernière, ce pinus est agréé en Nouvelle-Calédonie, ce qui lui permet d’avoir une reconnaissance formelle pour être utilisée en Construction, suite à la réalisation d’un programme d’essais pour notamment qualifier la résistance mécanique de cette essence de bois. Cela va donc vraiment créer une demande de bois local. » À l’occasion de sa venue en Nouvelle-Calédonie, Alain Hocquet a achevé une démarche qui a duré plusieurs mois au cours desquels des experts du FCBA sont venus auditer les entreprises, pendant que d’autres sont venus former, accompagner et rédiger les référentiels techniques.
« La certification que l’on a mise en place, explique le directeur qualité & certification, est une déclinaison de la marque CTB qui concerne tous les produits du secteur du bois en métropole. Si l’on a créé une certification CTB NC, c’est parce que celle de métropole ne s’appliquait pas en l’état, il a donc fallu s’adapter au contexte local. On s’est donc adaptés aux essences calédoniennes et aux profils des entreprises. Si les exigences ont été adaptées, en aucun cas elles n’ont été revues à la baisse car les niveaux de contrôle (audits et essais sur les produits) sont du même niveau que n’importe quelle certification de notoriété en France métropolitaine. Il est également important de souligner que cette certification CTB NC disposera d’une reconnaissance de haut niveau puisqu’elle sera contrôlée et accréditée par l’instance française d’accréditation, le COFRAC, qui est signataire des accords de reconnaissance en matière d’accréditation au niveau mondial reposant sur le respect de normes internationales. »
Une nouvelle étape
Les deux premiers référentiels de la certification ont été créés. Ils concernent la qualité des rondins et des sciages pour des usages structurels, c’est-à-dire la partie construction, mais également pour d’autres usages et applications. La certification permet d’attester de la qualité des traitements des bois pour le préserver des agents biologiques de dégradation tels que les termites et champignons. Dans le même temps, le premier comité de marque qui lançait formellement le dispositif de certification s’est réuni le 2 septembre avec l’ensemble des parties intéressées (professionnels de la filière Bois, prescripteurs, clients, organismes institutionnels et techniques). Les premières entreprises devraient être certifiées prochainement lorsque le processus d’instruction sera terminé avec, bien entendu, des résultats des audits et des essais effectués sur les échantillons prélevés, parfaitement conformes aux exigences du référentiel. Cette certification, comme l’agrément du bois local dans la construction, crée des perspectives.
« La ressource, explique Ricardo Pinilla-Rodriguez, ne peut pas combler le marché, mais on a le potentiel pour faire une filière locale et créer de la valeur ajoutée. On a la place, on a les forêts et la compétence. » Il y a en effet des marges de manœuvre, « on importe chaque année 12 000 m3 de sciages, rappelle Julien Barbier, chargé de mission à l’Agence Rurale, « les produits sciages certifiés de pin local doivent pouvoir trouver leur place sur le marché en complémentarité des produits importés. C’est une filière renouvelable, avec de l’exploitation, mais également une vraie politique de plantation, on peut donc en assurer l’avenir. »
Pour mémoire, on recense aujourd’hui trois scieries en activité en Nouvelle-Calédonie qui produisent chaque année environ 4 500 m3.